La création de contenus e-learning sur mesure est de loin le poste le plus lourd dans la plupart des budgets Digital Learning (souvent de l’ordre de 1,5 à 2 fois plus élevé, au moins au démarrage), alors que les budgets de formation sont sous pression. Question cruciale donc que celle de la production des contenus e-learning, d’autant que les entreprises s'apprêtent à y investir massivement. Deux questions en fait : comment diminuer l’addition (au moins le coût unitaire) ? quelle compétences pour produire ces contenus en interne ?
L'addition du e-learning est fonction du coût des médias qu’il contient (exemple : une voix-off de comédien) et du niveau de scénarisation. Pour réduire le coût du e-learning, il faut passer au rapid learning : être moins exigeant sur la scénarisation - ce qui, paradoxalement, est souvent plus efficace du point de vue pédagogique ; se garder quant aux médias d’une folie des grandeurs permise (et encore) aux seuls catalogues sur étagère. Le rapid learning : 2 fois moins cher que le e-learning plus scénarisé, quand il est sous-traité… 4 fois moins cher s'il est produit dans l’entreprise (en interne), car à la différence du e-learning scénarisé et « hautement médiatisé », les équipes formation voire les experts de contenus internes peuvent acquérir les compétences permettant de développer du rapid learning. D'abord par la maîtrise d’outils auteurs bien connus, tiers ou nativement intégrés dans certaines plateformes LMS : 2 à 3 jours de formation-action y suffisent… mais il en faut plus pour devenir un brillant concepteur pédagogique !
Autre solution pour réduire l’addition : la vidéo. Pas celle de deux comédiens professionnels filmés en studio (chère à produire, quasi impossible à maintenir) : la vidéo qui coûte le moins, c’est celle réalisée avec les derniers outils de capture sur le vif : actualisations de la « caméra-stylo » chère à Alexandre Astruc (coût d’un équipement professionnel : 1.500 €), facile à utiliser… Celle qui coûte encore moins cher ? La caméra intégrée dans le smartphone ou la tablette numérique, a fortiori quand c’est le salarié qui va lui-même réaliser la vidéo ! Tous enseignants, c’est inévitable dans un monde où tous sont devenus apprenants. Certaines vidéos devront être remontées, bien sûr, et le département formation fera le tri (comme il le fera parmi les contenus directement puisés sur le Web pour servir les apprenants (fonction curation)). Mais nombre d’entre elles pourront suffire telles quelles, surtout si elles adoptent le design pédagogique requis (courtes, racontant une histoire, jouables depuis n’importe quel terminal, etc.).
Est-ce à dire que les agences de création de e-learning sont menacées ? Oui. Et non : il leur appartient d’accroître grandement leur productivité, grâce notamment à de puissants outils auteurs de type Inovae Publisher (l’un des membres de l’annuaire e-learning Lettre présent dans ce dossier) permettant de réaliser du e-learning hautement scénarisé.
Au fond, l’entreprise sera vraisemblablement amenée, pourvu qu’elle ait un volume suffisant de contenus digitaux à produire, à les réaliser pour partie en interne ; à la fois pour réduire les coûts, et pour renforcer l’efficacité, notamment accélérer la livraison (ou la mise à jour) des modules. Elle devra toutefois veiller au maintien d’un certain niveau de sous-traitance. Cela vaut pour les médias qui ne sont pas à portée de création par l’entreprise, les serious games, par exemple, sans doute appelés à jouer un rôle grandissant avec la tendance de gamification de la formation. Cela vaut aussi en général : c’est l’offre qui innove depuis 20 ans, très rarement la demande. Se priver du contact des offreurs, dans le cadre de projets où se joue le transfert d’informations et de compétences, c’est se priver tout simplement d’innover !
Michel Diaz
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